F.L.I.R.

2014
HD, n&b, sonore, 15min.

La matière visuelle qui constitue F.L.I.R traite essentiellement de l’imagerie militaire captée par les avions (AC- 130), les hélicoptères (BlackHawk) et des drones de combats lors de missions ordonnées sur le territoire Syrien, Afghan et Irakien. La matière sonore provient des sensations et du ressentie des militaires chargés d’effectuer ces objectifs. Il s’agit, dans ce projet, de détruire poétiquement cette esthétique militaire de manière à placer, paradoxalement, le regardeur dans un espace de combat afin qu’il en ressente les profondeurs sensitives.

Que nous est-il donné à voir ? Ordinaire et légitime question face à une œuvre. Comment la représentation d’un endroit, d’un personnage, d’un événement vont-elles s’associer pour faire sens ? Comment la construction d’un espace rend-elle intelligible ce qui s’y déploie ?

Or c’est ici une autre expérience qui nous est proposée. Point frappant il n’y a pas d’abord un lieu dans lequel, ensuite, viendrait s’inscrire une chaîne d’actions. Il y au contraire un rythme, souvent effréné, imposé par l’action, qui vient façonner la nature du lieu, et la perception que nous pouvons en avoir. Le temps modèle intégralement l’espace. Primauté du tempo de la guerre sur l’espace, au point de perturber et de morceler notre vision de ce dernier jusqu’à l’abstraction.

D’où le noir initial. Temps où sont données à entendre de voix, des respirations, des émotions parasites de la transmission radio. Staccato de la mitraille. Surgissent ainsi tous les éléments qui vont conditionner l’apparition d’un espace qui n’a plus rien de stable, mais qui vibre à un rythme éprouvant et ininterrompu, comme un strict ensemble de points évanouissants. Vues aériennes torturées devenant méconnaissables. L’espace désormais réduit à un scintillement abstrait, espace infiniment émietté en impacts de tirs, et qui se défait sans limite.

La guerre : pulvérisation du paysage, de cette immobilité calme qui nous offrirait une échappatoire au temps. Tout au contraire, elle annexe le lieu au rythme de l’action destructrice. elle empêche que l’espace ne s’étale à la perception en tant qu’objet de contemplation.

L’étau du rythme guerrier se relâche pourtant parfois. Impression d’un temps suspendu. D’où l’onirisme et la grâce de certaines séquences, où surgissent de façon reconnaissables des rochers, des personnages, qui évoluent magiquement au ralenti. Difficile pourtant d’oublier que ces hommes en mouvement sont sur le point de basculer de l’existence au non-être, le noir et le blanc nous montre déjà des fantômes appelés à s’évanouir en nul lieu.

Ivan Trabuc

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