Monsieur, je vous demande pardon. Je ne l’ai pas fait exprès

« Monsieur, je vous demande pardon, je ne l’ai pas fait exprès »

Tête absente : au lieu du sens univoque fixé par l’autorité qui a installées ses sculptures, une incertitude, un flottement apparaissent. La possibilité d’une rêverie multiforme surgit, fondée sur la circulation de notre regard allant d’une plaque de cuivre à une autre.

Rêverie mélancolique sur le temps, qui s’inscrit plus fortement que tout pouvoir sur les réalisations humaines. Ces images valent comme une poétique des ruines, permettant de tisser un lien entre des époques différentes. Vulnérabilité touchante et commune de la pierre ou du bronze, en dépit de la volonté de faire durer pour toujours les figures qu’accueillaient ces matériaux.

Rêverie plus légère et presque humoristique : voici l’officiel devenu risible d’avoir perdu la face. Avec, désormais le ciel en guise de tête, et les oiseaux qui passent en guise de pensées, ces sculptures peuvent indéfiniment poursuivre un rêve hors d’elles-mêmes. Enfin libres, et échappées de l’assignation à leur fonction officielle, elles peuvent être regardées comme des témoignages ironiques et moqueurs.

Rêverie littéraire : il y a ce fameux poème de Rilke – Torse archaïque d’Apollon – auquel on peut songer, et qui peut inspirer notre perception. Nous croyons contempler ces sculptures, mais la disparition de leur tête a simplement déplacé leurs têtes et leur regard dans leurs bustes. Ce sont elles qui nous observent et nous jugent. Leur regard intériorisé interroge la conduite de notre propre existence. « Comment vivre ? » nous demandent-elles en silence…

A vous surtout de prolonger cette rêverie multi- forme, jusqu’au moment où un autre spectateur, un bruit, une idée vous y arrachera et vous fera penser : où donc avais-je donc la tête ?


— Ivan Trabuc

JÉRÔME COGNET

Artiste cinéaste vit et travaille à Paris
Films en distribution à Light Cone

Jérôme Cognet explore le support film autant que le cinéma et son histoire, en se situant là où « Il n’y a aucun témoignage de la culture qui ne soit également un témoignage de la barbarie » (Walter Benjamin). Ses films résonnent avec ce qu’on ne peut pas voir autrement que par l’image, du visible ou de l’invisible.

— Texte de Gaya Goldcymer



[ ENGLISH ]

Artist filmmaker lives and works in Paris
Films in distribution at Light Cone

Jérôme Cognet explores the medium of film as much as cinema and its history, taking up a position where « There is no testimony to culture that is not also a testimony to barbarism » (Walter Benjamin). His films reflect what we cannot see other than through images, whether visible or invisible.

– Written by Gaya Goldcymer

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